Les « Bone Records » de l’URSS

Les « Bone Records » de l’URSS

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bone record made ou of x-ray

Bone Records ou Roentgenizdat, de la musique enregistrée sur un support improbable : la radiographie des hanches de votre Tante Alice !

Nous sommes dans les années 50, la Russie s’appelle encore l’URSS et le vinyle devient extrêmement rare du fait de son coût de production. Les cassettes audio n’existent pas encore et la jeunesse de l’Europe de l’Est et de l’URSS a besoin de musique pour s’échapper du quotidien, des tensions politiques qui divisent les pays.

les bone records de l'urss

Une censure de la pop culture

Dans les années qui suivirent la Seconde Guerre Mondiale, Staline essaye de se débarrasser de l’emprise de la culture américaine sur l’Union Soviétique. Il bannit dans un premier temps le Jazz puis le Rock’n’roll, qualifiant ces musiques de menace pour la société, promouvant l’instant animal, la corruption des masses et l’incitation à la rébellion. S’attaquant d’abord à des artistes comme John Coltrane et Bill Haley, puis quelques années plus tard aux Beatles, ces fleurons de la culture pop de l’Europe de l’Ouest et des États-Unis seront totalement censurés au sein du Bloc Soviétique privant ainsi la jeunesse de leur échappatoire.

L’émergence d’un nouveau support pour la musique : Les Bone Records

vinyl record made out from x-ray

La demande pour la musique pop se fait grandissante en URSS. De jeunes étudiants en ingénierie se sont alors rendu compte, en modifiant un vieux phonographe, qu’il était possible de dupliquer les disques vinyles sur de vieilles radiographies. Les machines modifiées pouvaient alors, à l’aide de pointes de ciseaux, reproduire les sillons et inscrire la musique sur les radios. Il ne restait plus qu’à faire un trou au centre avec une cigarette et vous aviez un vinyle peu onéreux mais avec une qualité de son assez médiocre (un bien moindre mal pour les conditions de l’époque). Les ingénieurs pouvaient se procurer les vieilles radios usagées pour trois fois rien auprès des hôpitaux. L’avantage de cette technique est que les sillons gravés étaient presque indétectables, parfait, en temps de censure et de répression, pour cacher les disques d’un genre nouveau.

Appelés “rock on bones” ou “rock on ribs » (« rock sur os » ou « rock sur côtes »), ces disques sont devenus un symbole de la rébellion et de la résistance Soviétique. Découvert en 1958 par le gouvernement Soviétique, les Bone Records et les phonographes servant à les lire sont devenus illégaux.

Images © www.x-rayaudio.com