Pour ce nouvel épisode des interviews des collectionneurs de vinyles du monde entier, nous avons rencontré Eric. Il commença à collectionner très jeune et a un peu plus de 2000 disques vinyles aujourd’hui. Grand fan de Frank Zappa, joueur de guitare et collectionneur de rock classique et psyché des années 60 et 70, Eric a répondu à nos questions et a partagé avec nous son histoire à propos de la musique et de sa collection de vinyles. Il est temps de découvrir son honnête et intéressante interview !
Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?
Bonjour à tous ! Je m’appelle Eric. Je vis actuellement à Edmonton au Canada, avec mon épouse Marlee et nos deux beagles que nous avons sauvés, Newman & Cosmo. Je travaille dans un entrepôt d’aliments qui applique une politique stricte en matière de médias sociaux. Par conséquent, je ne devrais probablement pas mentionner la société. Depuis le lycée, j’ai chanté et joué de la guitare dans plusieurs groupes et j’écris parfois mes propres morceaux.
Comment et quand as-tu commencé à collectionner les disques vinyles ?
J’ai un peu plus de 2000 albums, environ 120 45 tours et quelques 25 centimètres. J’ai aussi environ 3000 CD. Je sais que c’est un sujet délicat dans la communauté des vinyles, donc je vais essayer de ne pas trop en parler. Haha!
J’ai commencé à acheter des disques vers l’âge de 16 ou 17 ans. C’était à la fin des années 90 et souvent il était moins cher d’acheter des disques d’occasion que d’acheter des nouveautés en CD. C’était aussi plutôt cool de pouvoir dire que vous possédiez des vinyles parce qu’ils n’en fabriquaient plus vraiment à l’époque. C’était comme avoir un artefact d’une ancienne civilisation.
Quel est l’élément déclencheur de ton intérêt pour la musique ?
Comme la plupart des gens, mes parents ont été ma première influence sur mon amour de la musique. Il y avait généralement de la musique qui se jouait sur la chaîne hi-fi de la maison et toujours une cassette dans l’autoradio de la voiture. Mon père a aussi chanté et joué de la guitare dans divers groupes de rock et de country, pour autant que je m’en souvienne.
Apparemment, ma mère et mon père me jouaient des Monty Pythons quand j’étais bébé et il semble que j’aimais ça (cela pourrait aussi expliquer pourquoi j’aime presser les fleurs des champs). Mon frère et moi avions quelques albums de Raffi, je me souviens de les avoir écoutés assez souvent.
« ma collection de musique est aussi efficace que toute bibliothèque pour la recherche d’informations qui m’intéressent
Tu te rappelles de ton premier vinyle acheté ?
C’était un 45 tours d’Alice Cooper avec Clones (We’re All)/Model Citizen dessus.
Un de mes amis avait téléchargé quelques faces B des Smashing Pumpkins (probablement sur Napster à l’époque) et l’un des morceaux était une reprise de Clones de leur Maxi-Single Bullet With Butterfly Wings. J’allais à un vide-grenier avec mon père et à l’un des endroits où nous nous sommes arrêtés, il y avait le single d’ Alice Cooper accroché sur un clou au mur. Je ne savais pas que la version des Pumpkins était une reprise à l’époque et j’étais à peu près sûr que mon ami ne le savait pas non plus, alors je me « devais » de l’acheter. Le gars a dit que sa fille l’avait laissé derrière elle quand elle avait déménagé et qu’il en voulait 0,75 $. Je pense que j’avais 0,65 $ ou quelque chose du genre, mais il ne voulait pas me le vendre. J’ai fini par emprunter le reste à mon père.
Quelles sont tes 1ères influences musicales ?
C’était en 1991 ou 1992 et mon père est rentré à la maison avec une Fender Stratocaster noire. Je trouvais ça plutôt cool. Peu de temps après, j’ai vu une photo de Jimi Hendrix jouant également sur une Strat noire. C’était fait. J’allais jouer de la guitare ! Ou du moins, je le pensais jusqu’à ce que je réalise que ce n’était pas si facile.
Il faudra encore quelques années avant que je commence réellement à apprendre à jouer. Grâce à ce faix départ, je me suis intéressé à Jimi, et, avec l’aide de mon père, je me suis également intéressé à d’autres guitaristes comme Alvin Lee de Ten Years After & Frank Zappa. Au moment où j’ai commencé à jouer de la guitare, j’étais vraiment intéressé par des groupes alternatifs tels que Nirvana, Soundgarden, Blind Mellon & Green Day. Les chansons de ces groupes ont été les premières que j’essayais d’apprendre à jouer.
Je pense que le fait de devenir musicien m’a vraiment incité à collectionner de la musique, car vous êtes toujours à la recherche d’idées ou de petits « trucs » musicaux pour rendre votre jeu plus intéressant. Je n’ai jamais vraiment été un lecteur (il me faut une éternité pour terminer un livre), mais pour moi, ma collection de musique est aussi efficace que toute bibliothèque pour la recherche d’informations qui m’intéressent.
Quel genre de musique on jouait à la maison quand tu étais petite ? Tes parents avaient des disques ?
Mes parents avaient probablement deux ou trois cents disques vinyles. J’ai eu la grande chance qu’ils avaient d’assez bons goûts pour la musique, ils écoutaient généralement du rock classique comme The Beatles, Rolling Stones, Led Zeppelin, Neil Young and The Who. Ma mère aime aussi Joni Mitchell et mon père est un fan de blues, il y avait donc des trucs comme Muddy Waters et Johnny Winter aussi.
Est-ce que tu collectionnes un style en particulier ?
J’écoute à peu près de tout, mais la plupart de mes disques vinyles sont du rock classique et des trucs psychédéliques des années 60 et 70.
Ta plus belle trouvaille ?
Je ne sais pas si c’est ma meilleure trouvaille, mais Freak Out! de Frank Zappa & The Mothers of Invention est probablement l’un des plus mémorables. Je ne collectionnais que depuis environ un an quand je l’ai trouvé. À ce moment-là, il me semblait que peu de gens savaient qui étaient Frank Zappa ou The Mothers et j’avais entendu dire que certaines de leurs premières productions pouvaient être chères, ce qui, je suppose, signifiait que c’était rare. Je fouillais dans le sous-sol d’un magasin de disques à Calgary et en ai trouvé un exemplaire sans étiquette de prix. Heureusement pour moi, quand je suis allé payer, le propriétaire (qui demandait toujours le prix le plus élevé) n’était pas là. C’était un jeune homme au comptoir et il cherchait un prix dans le Guide du collectionneur de disques, mais au lieu de me faire payer 100 dollars, comme il est dit dans le livre, il ne demandait que 60 dollars. Je me disais que c’était beaucoup d’argent pour un album, mais je le voulais et pensais ne jamais en voir un autre. C’est une première édition Canadienne avec des fautes de frappe sur l’étiquette et qui vaut toujours ce que j’ai payé.
J’ai aussi récemment trouvé un exemplaire de Le Monde Fabuleux Des Yamasuki de Daniel Vanguard & Jean Kluger. Il n’y a pas vraiment d’histoire intéressante derrière cette découverte, mais c’est un disque assez rare que je cherchais depuis longtemps et que j’ai eu à un très bon prix.
Des regrets à propos d’un vinyle que tu as perdu ou que tu n’as pas acheté ?
Quand j’ai commencé à acheter des nouveaux vinyles au début des années 2000, ils ne venaient généralement pas avec une carte de téléchargement. Si vous vouliez une copie transportable pour votre voiture ou peu importe, vous deviez l’acheter sur CD ou la télécharger illégalement (le son était toujours merdique). J’ai commencé par acheter plus de choses sur CD parce que c’était moins cher, puis si j’aimais vraiment ça, j’en aurais une copie vinyle plus tard. Malheureusement, j’ai pris du retard ou n’avais pas les moyens de me procurer les deux, alors j’essaie de trouver beaucoup de choses que j’écoutais au début de ma vingtaine mais c’est beaucoup plus cher maintenant.
L’autre chose à laquelle je pense parfois, c’est tous les supers disques que j’ai laissé passer parce que je ne savais pas ce que c’était.
Une anecdote intéressante à propos de ta collection ?
Les fenêtres de notre maison ont été remplacées plus tôt cette année et quelques vendeurs de différentes sociétés sont venus nous donner des devis. L’un des types qui sont venus était un gentleman d’Europe de l’Est. Il a dit avec un fort accent : « Vous avez beaucoup de vinyles ! Je vais vous donner un bon prix pour la moitié ». J’ai juste ri en quelque sorte et nous sommes passés à autre chose. En traversant la maison, nous avons discuté un peu de musique tout en déterminant le type de fenêtres que ma femme et moi voulions. Quand nous avons eu fini, il a refait l’offre. Je lui ai dit : « Non merci, c’est bien ». Et nous avons fini par faire affaire avec une société différente.
//À propos de collectionner les vinyles et la préservation de l’héritage culturel// « Vous pouvez avoir le seul exemplaire d’un superbe blues ou jazz 78, mais si personne ne l’entend jamais, il pourrait aussi bien ne pas exister du tout
Quel est ton dernier achat de vinyles ?
Je suis récemment tombé sur un premier pressing de “The Glow” PT.2 par The Microphones. C’est l’un de ces albums que j’aurais dû acheter en vinyle lors de sa sortie en 2001, mais j’ai acheté le CD à la place. Heureusement, j’ai trouvé quelqu’un sur Discogs qui en vendait un à un prix raisonnable et en bon état.
Quel est le disque le plus cher que tu ais acheté ?
Je pense que c’était une première édition britannique et presque neuve du chef-d’œuvre Krautrock de Can, Ege Bamyasi. Ma femme va lire ceci, alors je vais garder le prix pour moi. Haha!
Y a-t-il un artiste ou un label en particulier dont tu essayes d’avoir la discographie complète ?
Frank Zappa. J’ai la plupart de ses albums solo et avec Mothers of Invention, mais je suis toujours à la recherche de quelques-uns de ses disques des années 80 et de plusieurs singles des années 1960. Les singles sont difficiles à trouver et chers lorsque vous parvenez à les trouver. J’essaie également de rassembler tous les artistes sortis sur ses labels Bizarre/Straight.
Des disques vinyles encore présents sur ta wantlist ?
Il y a tellement de choses que je recherche et il semble que la liste s’allonge de plus en plus ! Je dirais qu’en haut de la liste se trouve l’édition italienne de The Kinks Are The Village Green Preservation Society. Beaucoup de chansons sur ce pressage sont différentes de toutes les autres versions et c’est un meilleur disque à mon avis. Je ne l’ai vue à la vente que deux fois et ils coûtaient environ 1 000 dollars.
C’est la fin du monde, je sais, c’est terrible mais tu ne peux prendre que 5 vinyles avec toi! Lesquels et pourquoi ?
Oh man, je mourrais en essayant de n’en choisir que cinq !
D’abord, j’aurais probablement pris mon exemplaire canadien de 1978 en vinyle marbré de The Beatles’ Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band. Quand j’ai commencé à collectionner, mes parents ont remarqué que j’achetais beaucoup de choses qu’ils avaient déjà dans leur collection, alors ils m’ont donné tous leurs disques. Cet album des Beatles était l’un de ces disques et c’est celui dont je me souviens le plus avoir écouté quand j’étais enfant.
Je prendrais ensuite les albums The Mothers of Invention, Cruising With Ruben & The Jets et We’re Only In It For The Money. Ce sont deux de mes disques préférés des Mothers.
Ensuite, je prendrais l’album éponyme et unique des The United States of America. C’est un disque psychédélique incroyable dont je ne me lasserai jamais.
Enfin, je prendrais probablement One Foot In The Grave de Beck. J’écoute cet album depuis 1995 et je l’aime toujours autant que la première fois que je l’ai entendu.
Édition originale ou réédition ?
Cela n’a guère d’importance pour moi, mais si je dois choisir, j’irais probablement avec le pressage original (en fonction de la condition et du prix bien sûr). Je me suis toujours considéré plus comme un collectionneur de musique que comme un collectionneur de disques vinyle ou autre. Je veux juste l’écouter.
Je pense que l’idée de la première presse vs réédition est un peu ridicule. Cela ressemble plus à une question de statut.
Dans certains cas, un remix / remaster a été réalisé ou les bandes originales ont été perdues, alors les éditions d’après sonnent différemment, mais pour la plupart, il ne s’agit que d’un morceau de plastique recouvert de carton imprimé. Si vous essayez de me dire que votre morceau de plastique est meilleur que le mien parce qu’il est vieux, préparez vos arguments pour me convaincre, vous allez avoir du taf. La raison pour laquelle j’achète mes premiers pressings est honnêtement la valeur de revente et je pense que c’est vraiment la seule raison pour laquelle la plupart des collectionneurs les préfèrent, même s’ils ne veulent pas l’admettre.
Quel genre de digger es-tu ?
J’achète à peu près partout, mais compte tenu de la faible valeur du dollar canadien et des coûts exorbitants des expéditions, les magasins de disques locaux, les magasins d’occasions, etc. sont la solution.
Penses-tu que collectionner les vinyles aide à la préservation de notre héritage sonore et culturel ?
Haha ! C’est ce que je dis à ma femme quand elle me demande pourquoi j’ai quatre exemplaires de Trout Mask Replica !
Si vous avez quelque chose qui n’a été sorti que sur du vinyle et en quantité limitée, alors oui, mais seulement si vous le partagez ! Vous pouvez avoir le seul exemplaire d’un superbe blues ou jazz 78, mais si personne ne l’entend jamais, il pourrait aussi bien ne pas exister du tout.
Qu’est-ce qui t’attires dans le disque vinyle ?
J’ai eu assez de chance dans le choix d’albums juste basé sur la pochette. Aussi, si un groupe ou un album a un nom intéressant ou idiot, cela attire toujours mon attention. C’est ainsi que j’ai découvert des groupes comme Acid Mothers Temple & the Melting Paraiso U.F.O. et King Gizzard & the Lizard Wizard.
Comment organises-tu ta collection de disques ?
Alphabétiquement (par nom de famille si applicable) et par date de publication. S’il s’agit d’un enregistrement solo d’un artiste d’un groupe bien connu, ils seront conservés avec ce groupe (John, Paul, George ou Ringosont tous conservés avec mes disques Beatles, par exemple, mais Neil Young tient sa propre section à part de Crosby, Stills, Nash & Young).
Si ta collection pouvait parler, elle dirait quoi de toi ?
« Ce gars a très peu de maîtrise de soi et probablement encore moins d’argent ».
Ton installation actuelle à la maison ?
Ma platine est une vieille Technics SL – D2 qui appartenait à mes parents. Ils m’ont laissé l’emporter avec moi quand j’ai déménagé depuis que je prenais leur collection de toute façon. Ce n’est pas dans les meilleures conditions esthétiques mais cela fonctionne bien et sonne plutôt bien. La platine tourne avec un récepteur Onkyo TX – 8020, puis j’ai quelques haut-parleurs Hitachi HS-450 des années 80 et un caisson de basse Heco. J’ai aussi quelques haut-parleurs Automatic Radio des années 70 avec lumières multicolores qui répondent aux graves, aux aigus et aux médiums. Les haut-parleurs dans ceux-ci sont morts mais les lumières fonctionnent toujours!
Une dernière chose à ajouter ? C’est maintenant ou jamais 😉
Tout d’abord, je voudrais remercier toutes les personnes qui ont lu ceci jusqu’ici (je sais que certaines de mes réponses ont été assez longues) et merci à Jay de Cb Vinyl Record Art de m’avoir donné l’occasion de faire cette interview !
J’aimerais également attirer l’attention sur un nouveau compte Instagram, @womeninvinyl & blog, www.womeninvinyl.com (tenu par Jenn), qui met en avant les femmes travaillant dans l’industrie du disque. Je ne suis pas affilié à ces pages, mais c’est une bonne idée que plus de gens devraient connaître.
Enfin, je voudrais remercier tous mes amis Instagram passionnés de musique qui m’ont suivi et / ou m’ont présenté toutes sortes de musiques nouvelles et intéressantes !
Plus sur Eric:
Instagram: @nottherealeric
SoundCloud: The Shiny Shiny Things
Crédit photos : Avec l’aimable autorisation de @nottherealeric
Merci beaucoup Eric pour ton interview. J’ai vraiment apprécié le lire et apprécié ton honnêteté sur certains sujets. Encore merci ! 😉